6 sens
Je sais que chaque jour qui passe est pour elle, pour moi une lame qui s’enfonce un peu plus dans nos
cœurs.
A chaque moment d’isolement elle doit se remémorer ; ma peau, mon odeur, le timbre de ma voix, de mes mots, se rappeler de mes
gestes.
Je suis persuadé qu’elle ne peut s’endormir sans imaginer mes doigts sur sa peau, mon sexe en elle, mes ordres murmurés et, chaque jour qui
passe doit effacer un peu plus le souvenir de la réalité pour la remplacer par un Amant imaginaire.
Chaque jour le contact fragile d’une relation épistolaire intensifie ce manque. Un sentiment de gâchis, d’inaccomplis… tant de chose à vivre, à
donner !
Bien sur que je le sais car je vis aussi en état de manque. Chaque jour, chaque nuit je voudrais lui prouver ma reconnaissance de son choix, ma
fierté de son abandon, mon orgueil pour son amour.
Elle pense :
Chaque jour je pense, si seulement il savait… Mon besoin de lui montrer que
je saurai être digne de lui, je lui rendrai hommage, je saurai le rendre fier de moi. Je me vouerai à son plaisir, il pourra disposer de mon corps, je saurai me montrer à la hauteur de ses
exigences, qu’un seul mot de lui…
Je sais tout cela et encore plus… Elle pense encore et elle n’en revient pas…
La cambrure de mes reins qui l’attendent, qui
quémandent… Qu’Il exige de moi, qu’Il dispose de moi !
Je n’en reviens pas ; attendre qu’il veuille bien faire un signe vers moi… J’hurle dans un silence ; je saurai me rendre utile, je saurai Te
faire bander, je saurai Te donner du plaisir…
La première fois je n’ai pu lui montrer, je n’ai pas su… S’Il savait maintenant ce dont je suis capable, comme le désir tenaille mes entrailles,
comme ma soumission défiera les conventions, les concessions et n’aura d’égal que mon abandon.
Ne plus pouvoir m’endormir sans penser à lui, ne plus pouvoir jouir sans penser à ce qu’Il m’a fait, ce qu’Il me fera. Y penser tout le temps
alors que je mène une vie entourée de ma famille et d’amis sur qui je peux compter. Le manque de lui, l’obsession de recommencer, d’aller plus loin, d’assouvir des envies que je ne soupçonnais
pas, d’ouvrir les portes avec les clefs qu’il m’a offertes.
Comment a t’Il su me conduire jusque là ?
Après avoir goûté son odeur, sa peau, sa langue, ses mains, son sexe… Je veux… Je veux l’accompagner dans ses déviances, me nourrir de lui,
devancer ses désirs, dépasser ses ambitions.
Je suis foudroyée par un imprévisible orage.
Quatre mains. (Manouche et Homas mon ancien pseudo !)