Pour…

Je pose mes outils au sol.

....................

Je recule regarde le bloc de pierre intensément

....................

Les bras le long du corps, je fais le tour du monolithe. Ma main touche la pierre froide, le contact est pourtant agréablement sensuel. 

Je caresse les premiers coups de ciseau donnés, au sol se trouve encore quelques morceaux de marbre… La main suit délicatement les esquisses faites, essayant de se rappeler les formes que j’avais espéré lui donner. 

Ce bloc m’a attiré, j’y ressens une vibration intéressante, une compatibilité… 
Je vais m’asseoir sur la seule chaise de l’atelier, prends la même position que le penseur de Rodin.

La pierre murmure ;

« Si je te dis main ... » 
Moi ;

« Mes mains...  

Pour écouter battre ton pouls, mes mains sur ton cœur

Mes mains sur tes seins, pour en éprouver la douceur

Tes mains sur mes joues, pour sentir le feu en moi

Tes mains sur mon dos, pour me serrer contre toi... »

La pierre ;
« Si je te dis bouche ... »
Moi ;

« Nos bouches ventouses au corps à corps
Où nos langues se mêlent en plein essor

 Ma bouche qui lèche ton lobe d'oreille
Pour te dire doucement "tu es si belle..."

Ma bouche qui tête tes seins
Puis le creux de tes reins

Ma bouche en soleil
Qui fait des merveilles
Discoure avec ta vulve saphir
Pour y faire monter le plaisir

Ta bouche en océan
Qui avale ma verge au levant
Et vient y boire l'épaisse mousse
Qui soudain jaillit en violentes secousses ! »

La pierre ;
« Si je te dis reins ... »

Moi ;

« Panthère si sensuelle au parfum d'ambre

J'aime quand devant moi tu te cambres

Et que tu tends féline ta croupe offerte

Cuisses et vulves à mon désir ouvertes.

Alors d'un geste ferme

Je saisi tes reins,

Entre mes mains

Les enferme

Et, venant me coller

A ton corps chaud,

Tu sens mon sexe gonflé

Se glisser dans cet étau.

Tu ondules des hanches

Reins souples et bien huilés

Ma verge en toi s'épanche

Te pourfends telle une épée

La danse de l'amour

Peut enfin commencer

Et tu connais plus d'un tour,

De rein, à me faire essayer... »

Je... Laisse mon esprit s’évader, je m’interroge !
Je… me lève, approche de l’œuvre que je souhaite révéler, réveiller…
Je prends une inspiration et souffle sur le bloc de marbre ;
Je…, je perçois, devine ses mots…

« Souffle sur moi…
Caresse mon cou de cet air doux
Souffle sur moi…
Chante tes murmures à mes joues
Souffle sur moi…
Fais voler mes cheveux fous
Souffle sur moi…
Je tremblerai de partout
Souffle sur moi…
Répand ton désir de voyou
Souffle sur moi…
Réchauffe mon sexe debout
Souffle sur moi…
Il faut tester ça…entre-nous.

Je regarde ma première ébauche et murmure à la pierre ;
" Si je te dis seins ?... "
" Si je te dis fesses ?... "
" Si je te dis abandon ?... "

Je caresse les marques laissées par le ciseau, recule en attendant… une réponse…
Un poème me revient ;

L'envie
Comme un rêve que l'on fait
Que l'on aimerait réalité
Comme un désir
Que l'on nommerait plaisir
L'envie
Aux contours indécis
Un rêve inassouvi…

L'envie
Dans le silence de la nuit
Nos corps enlacés
Nos caresses, nos baisers
Nos soupirs, nos désirs
Nos cris étouffés, nos abandons
Nos naufrages à l'unisson…

L'envie...

Poétiquement.