Dans tous les sens

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Nous y voilà. L’heure du départ approche enfin ; je m’offre lui !

Je ne l’ai pas choisi au hasard. Bien au contraire !

Je voulais donner du sens à ma « démarche », ma soumission.

 

Je l’ai choisi pour commencer mon périple. Cet homme me mènera jusqu’à ma destination. : J’en ai le temps, la force, l’envie… ?

J’ai déjà la confiance en lui et la perspective de visiter son « jardin » m’enchante et je le redoute. Pourtant, il m’a apprivoisé, et non pas affronter… Il a su me préparer me rendre fertile à ses propositions… trouver mes failles et y planter ses graines.

 

J’ai envie de solitude avec lui, de promenade auprès de lui dans son jardin.

Voir ses idées, ses envies pousser… en moi, pour moi, pour lui.

Sentir ses rosiers odorants… « Aie, ils me piquent, m’écorchent. ».

Goûter à ses fruits, qui semblent délicieux et qui me troublent, j’ai des craintes ; « sont-ils comestibles ? » Vais-je croquer le fruit et m’abandonner aux saveurs ?

 

Au début une envie inconnue… une voie s’imposait à moi.

Accepter ce jardin, accepter mes craintes, mes doutes, mes peurs. D’abord comme destination fouler ses secrets. Puis petit à petit j’ai eu envie d’aller plus loin. Le choix fait, des lectures et des rencontres que j’ai établies m’ont fait accepter ce que je suis Soumise. Ce qui a bien sûr renforcé mes convictions, « je ne suis pas SEULE » à chercher symboliquement mon jardinier.

 

Je l’accepte, maintenant je dois m’accepter pour aller encore plus loin dans sa jungle. J’ai choisi de sortir des sentiers battus, je ne veux pas présumer de mes forces. Même si au fond de moi, déjà, ma petite voix me souffle de façon insistante de quitter la voie pour tracer mon propre Chemin… et rompre avec certaines de mes habitudes.

  Larbre

 

Histoire d'arbres

 

« Contre un arbre ?...

— Oui.

— Pourquoi contre un arbre ?...

— Parce que je le veux.

— Celui-ci ?...

— Par exemple.

— Depuis longtemps tu as ça dans la tête ?...

— Oui.

— Tu veux avec celui-ci ?...

— C'est toi qui choisis.

— L'acacia, ça va?...

— Son bois est tendre.

— Je le souhaite pour la peau de mon dos !... De toute façon on le fera contre d'autres arbres. Le parc est suffisamment grand. L'important sera qu'ils ne soient pas trop vieux.

— Tu veux dire que...

— Ça compte, la jeunesse de l'arbre, sa vigueur.

— Plein de sève...

— Oui, plein de sève. Et qu'il ne soit pas trop gros. — Pour mieux me coincer ?...

— Non, enfin si, mais surtout pour le tenir à bras-le-corps, lui aussi, avec toi.

— Tu ne me feras pas mal, n'est-ce-pas ?...

— Déshabille-toi.

— C'est chaud un arbre !...

— C'est comme un corps : sous le soleil de midi c'est brûlant, quand il pleut c'est humide, les nuits de printemps c'est tiède et l'hiver c'est glacé.

— Mais c'est dur !...

— Pas toujours. Ça dépend des arbres.

— Je le sens entre mes omoplates...

— Alors ?

— Il est chaud...

— Le soleil.

— Pas dur, non, pas encore, plutôt doux...

— Tu le sentiras dur tout à l'heure.

— Ne me fais pas mal, s'il te plaît, va doucement...

— J'irai le plus doucement que je pourrai.

— Là... comme ça... oui...

— Il faudra quand même que l'écorce t'entaille.

— Pas trop !...

— Tu saignes ?

— Je ne crois pas...

— Il le faudra un peu.

— Ça frotte...

— Tu sens?

— On dirait que l'écorce est comme... complice...

— Elle va te rentrer progressivement dans la chair sans trop te blesser.

— Fais doucement, je t'en prie !...

— Ça saignera un petit peu : tu dois sentir le bois te pénétrer.

— Ça commence...

— De chaque côté tu dois donner ta peau. Ton corps entier doit offrir et recevoir dans une petite douleur qui deviendra du plaisir.

— Donne, toi aussi ! Donne ! Donne !...

— Dans ton dos, tout contre la peau de ton dos il y a une autre érection que tu ne dois pas refuser, vers laquelle tu dois aller et que tu dois accepter en t'y soumettant.

— Oui... là... Oh ! je la sens...

— Ne bouge pas.

— Ça fait mal !...

— C'est moi seul qui vais bouger.

— Mais ça fait mal !...

— Tu saignes ?

— Je crois maintenant...

— Ne t'en occupe pas : je te lècherai.

— Aïe !...

— Je sucerai tes blessures une à une avec ma langue, le long

de tes plaies.

— Je voudrais pouvoir le griffer...

— Tu peux.

— À m'en casser les ongles !...

— Vas-y, fais-le si tu le veux.

— Et le mordre !...

— Mords-le.

— Il me fait tellement mal !...

— Griffe-le, mords-le. On peut tout. On peut aussi cracher contre son tronc, y pisser ou y pleurer.

— Mais elle est plus forte que moi, son écorce !...

— Alors caresse-la, alors baise-la. Renvoie-lui de la douceur. C'est ça, oui, comme cela.
— Dis-moi, est-ce que tu l'as fait souvent ainsi, contre un arbre, avec d'autres femmes ?...

— Non, rien qu'avec toi. C'est la première fois.

— Je suis si heureuse que ce soit la première fois !...

— J'aime cette sensualité. Je n'arrive pas à la détacher de celle de ton corps de femme. Et je veux jouir des deux, tu comprends. En jouir encore et encore.

— Il est brûlant maintenant ! L'écorce me brûle !...

— Pas moi?

— Si, toi aussi tu me brûles !...

— Demain matin on viendra vers le bouleau.

— Oui ?...

— De bonne heure, quand le tronc sera couvert de rosée, ruisselant, tout transpirant d'humidité de sa nuit.

— Oui...

— Et on recommencera contre le jeune chêne au fond du parc. Ce sera plus rugueux. 

— Laisse-moi m'habituer !...

— L'acacia, le boulot puis le chêne : ça va ?

— Parcours initiatique ?...

— Puis l'orme et le frêne, parce que leur écorce est fragile. Elle ne te déchirera pas, elle saura ménager ta peau.

— Tu t'occuperas de mon dos, hein ?...

— Avec l'érable.

— Tu sècheras mes plaies, c'est d'accord ?...

— Je te le promets. Et le charme et le saule surtout.

— Quel saule ?...

— Celui que le vent du nord a tordu.

— Pourquoi celui-là?...

— Parce que son fût forme un coude et que tu pourras t'y installer.

— Je pourrai m'allonger?...

— Bien sûr. Tu t'y coucheras et tu sentiras le moelleux de son bois sans faire d'efforts. Tu verras comme c'est bon.

— Alors oui...

— Je veux aussi avec un marronnier.

— Pourquoi un marronnier?

— Parce que j'aime le nom.

— Je commence à sentir tout ça de plus en plus fort, tu sais !...

— Des deux côtés ?

— Partout ! Partout !...

— Ça existe, un arbre, tu vois : une vie qui palpite. Ça grandit, ça craque et ça crie, ça saigne aussi quelquefois, et le tronc veinulé qui se dresse dans le ciel montre des grosseurs comme des varices qui sortent de terre. Quand on passe la main dessus on sent la vie qui bouge et les soleils et les pluies, on sent les brûlures et chaque gerçure du gel, on sent la trame de l'existence gravée : les hivers, les étés, les saisons. On sent le temps qui passe au rythme de ses blessures.

— Viens comme ça... oui... comme ça...

— Et puis ça attrape de sales maladies, une sorte de vérole qui les fait peler. La peau morte se décolle en lambeaux. C'est triste et douloureux.

— Va comme ça...

— Et puis ça meurt, un arbre. Va... va... continue d'aller doucement...

— Heureusement ça met des siècles à mourir. L'homme pas le temps, lui, de vivre assez pour le voir. L'homme n'a pas assez de vie.

— Je sens partout sur mon corps... devant et derrière... je sens tout... ça laboure et ça me déchire !...

— Pense à moi et pense au tronc contre toi. Tu dois penser à l'arbre, il te blesse et te fait du bien, comme moi. Pense à lui très fort.

— Oui... je vous sens tous les deux... ensemble... je vous sens dans ma peau... mon corps... tous les deux en moi... » 

 

***

Yves HUGHES (Né en 1960).

Enfance à Annecy. Lecture de Hemingway. Premiers désirs d’écrire.

1983/1987 : Fréquente la fac de lettres de Genève pour suivre les cours de Michel Butor et Jean Starobinski.
1989 : S’installe à Paris.
1989/1993 : Lecteur pour Le Seuil et Gallimard.
1990/1991 : Signe des sketches pour les Guignols de l’Info sur Canal +.
1991/1994 : Écrit des scénarios policiers pour la télé, et des sitcom.

Continue d’écrire des fictions pour la radio : France Culture et France Inter.



Par Essentiel - Publié dans : Jeu de l'oie
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