Perchée dans mon arbre je regarde le soleil se coucher. Je vais encore passer une nuit dans l'arbre, une de plus ou une de moins qu'est ce que ça change ? Elle n'a même pas remarqué que je suis partie il y a deux ans, elle est trop occupée avec ses « amis. »

Ses « amis », des hommes chaque fois différents. Ils s'enferment dans la chambre avec elle et restent la plus grande partie de la nuit. Parfois ils ne repartent que l'après-midi et le soir c'est de nouveaux amis qui prennent le relais. 

Et elle ça lui plait.

Elle c'est ma mère. Je ne peux pas l'appeler « Maman », ce mot me brûle les lèvres. Pour moi elle n'est rien ! Je ne sais même pas si elle se souvient qu'elle a une fille. Mais je m'en fiche, moi je n'ai pas besoin d'elle, je suis capable de me débrouiller toute seule.

Au début, lorsque les hommes venaient je resté enfermée dans ma chambre et je pleurais lorsque je l'entendais gémir de plaisir. Mais un jour elle a eu l'idée de me faire participer à ses jeux... 

Imaginez-vous le corps d'une fillette entre les mains de quatre hommes, quatre hommes aux idées tordues. Vous entendez ses pleurs ? Ses cris ? Cris de douleur ! Vous les entendez jouir ? Entendez-vous les rires ? Ils riaient ! Elle riait ! 

Moi je les entends encore et encore. Lorsque je m'endors je replonge dans la passé je revois la scène. Elle, elle n'a pas bougé le petit doigt, ça l'amusait. Moi je ne vois pas ce qu'il y a d'excitant à voir des hommes violer une enfant, son enfant! Moi je ne trouve pas ça drôle, moi ce ne me fait pas rire ! Mais moi je n'ai pas eu mon mot à dire...

Le lendemain elle a voulu que je participe à nouveau, ça attire les clients m'a-t-elle dit... Je ne voulais pas ! Non ! J'avais mal. Alors je suis partie en courant et je me suis réfugiée dans un arbre.


Cet arbre est mon territoire, perchée sur la plus haute branche j'ai l'impression de surplomber le monde entier. J'imagine que je suis une sauvageonne et que personne ne peux me faire du mal, je suis libre et forte. Je joue avec le vent... J'oublie que je n'ai pas de mère, j'oublie qu'un jour on m'a fait du mal.

Les gens chuchotent sur son passage, mais elle s'en fiche elle n'a besoin de personne. …, 9 ans, petite sauvage qui veut fuir la réalité. Petite fille est devenue trop vite grande.

Sortir.